mercredi 22 décembre 2010

Vouloir tout faire en un seul film : The Tourist

Avant d’aller voir le film The Tourist, j’avoue volontiers être restée quelque peu septique quant au casting (Angelina Jolie, Johnny Depp) : pas vraiment mon genre d’acteurs… Mais le film avait été réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck, à l’origine de La vie des autres, que j’avais trouvé si puissant. De plus, des sensibilités bien différentes allaient se donner rendez-vous puisqu’on avait là un réalisateur allemand qui tournait en Italie un film américain, lequel était le remake d'un film français, Anthony Zimmer ! Il ne m’en fallait pas plus pour me décider à acheter mon entrée.
Dès les premières scènes tournées à Paris, j’eus l’étonnante sensation de me retrouver dans un de ces films policiers français sortis depuis Ne le dis à personne , dotés d’un très bon scénario mais évoluant dans une atmosphère toujours un peu semblable. J’eus même l’impression de reconnaître un ou deux acteurs français ayant tourné précisément dans ce type de films. Le réalisateur allait-il continuer à adopter les styles de tournage locaux en fonction des lieux traversés par ses acteurs ? C’était une bien curieuse façon de procéder…
La suite me laissa également tout à fait songeuse du fait de cet éclectisme de styles, justement. À chaque nouvelle scène, je me demandais ainsi quel genre de film cherchait à faire Florian Henckel von Donnersmarck. Ce fut la question qui m’obnibula jusqu’à la fin. Dès lors, je regardai ce film en essayant de le décortiquer pour en retrouver la colonne vertébrale. Car, vrai, dans ce film, il y en a pour tous les goûts ! D’abord, dans le casting : Angelina Jolie pour le public masculin, Johnny Depp pour les femmes. Un peu d’amour entre les deux protagonistes, ensuite, mais sans passion (il ne faudrait pas ennuyer Monsieur !). Même la duplicité du personnage d’Angelina Jolie qui est tombée amoureuse de celui qu’elle doit livrer à Interpol n’est pas suffisamment travaillée. On a de l’action, aussi, mais sans violence (le film pourrait être vu par des ados). Du mystère mais la tension dramatique en moins, car ce n’est pas la pélerine d’Angelina Jolie, dans la brume des canaux de Venise, qui va nous faire trembler. C’est d’ailleurs bien dommage qu’il n’y ait pas eu un instant un doute sur l’identité véritable de Johnny Depp (n’aurait-il pas pu être Pearce?) pour entretenir les doutes et nous tenir en haleine. J’ai apprécié cependant de ne voir que tardivement et que quelques secondes à l’écran celui que l’on traque, un peu comme dans Le troisième homme avec Orson Welles.
Et parce que le mélange des genres ne semble pas suffisant à monsieur Florian Henckel von Donnersmarck, il en rajoute encore dans la diversité culturelle en nous proposant de (magnifiques) vues aérienne touristiques de Venise et en mettant en scène plusieurs gags où chaque nationalité devient caricaturale : il y a les policiers français qui se demandent si Angelina Jolie porte ou non une culotte ; l’Italien mafioso (comme dans la scène où les policiers italiens, vêtus de costumes-cravate sombres s’effacent simultanément derrière les colonnes d’un quai de gare) ou un peu Comedia dell’Arte (le policier qui tombe dans le canal, furieux et le sifflet encore dans le bec) ; les Russes un peu rustres et idiots ; l’Américain (Johnny Depp) gentiment bête qui parle sans cesse espagnol aux Italiens.
Malgré ce mélange qui laisse perplexe sans donner le vertige (à la différence d’un film comme L’Atalante, par exemple, où, à la plus grande partie du film tournée sur un mode poétique font contre-point des scènes finales très réalistes et très noires), le film, qui a le mérite d’être bien filmé, reste frais et agréable, à peine ennuyeux.
Seule raison que j’ai trouvée pour expliquer de côté touche-à-tout sans profondeur aucune : il s’agit probablement d’un film de commande.
Sentiment partagé ?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour à tous.

Il n'y a rien de bien nouveau sur le sujet des remakes.
Alors bien sur que le casting est réfléchis pour plaire à Madame/Mlle et Monsieur, que le scénario soit allégé et les phases d'action allourdis (comparés à l'oeuvre original) et qu'un réalisateur de "cinéma d'auteur" est au commande pour satisfaire les puristes.

Mais il ne faut pas oublier que les boîtes de production étatsuniennes ne sont pas à leur premiers coup d'essai (Godzilla, The Departed-remake de Infernal Affairs, The Grudge, The tourist pour le cas présent) et qu'aujourd'hui le cinéma est aussi un marché (2eme marché le plus porteur au monde après celui du jeu vidéo).
Ainsi, avec une machine bien huilée, une forte expérience dans la production en masse de produits/formules qui marchent (Cf le retour des séries depuis 24h Chrono) il est aisé pour les productions américaines de pondrent un film avec des moyens de Blockbuster (je mesure quand même ce propos) mais doté d'originalité des productions du Vieux Continent ou de l'Orient (pour ne citer que ces deux là).
Donc sur ce point, je dirais que c'est à nous, spectateurs et consommateurs, de consommer le film différemment. Si The Tourist s'avère super car bon remake d'un film déja très bon (perso, j'ai adoré Anthony Zimmer) alors préférons nous tourner vers le DVD de l'oeuvre orignial.

Mais revenons à l'article. Il parle de quoi au juste? Du film commande ou du principe du fourre-tout movie? Dans son argumentation, l'auteur se perd un peu entre ces 2 thématiques bien distinctes.
Un film commande répond à des lois de marchés.
Un film multi genre répond à des processus de création.
Ce qui fait la réussite d'un tel film c'est lq maîtrise parfaite de tout les codes associés aux différents genre (re)présentés. Le meilleur exmple est (pour ma part) le film Doomsday de Neil Marshall. Bien fait un fourre-tout movie peut être grandiose, mais c'est un exercice difficile.

Je n'ai pas vu The Tourist, mais comme il est présenté dans cet article, alors oui probablement c'est un film commandé mais une chose est sûr, ce n'est pas le bon exemple pour discuter des mélanges des genres dans le cinéma.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Article intéressant, mais, qu'en est-il du film d'origine ? Ce remake essaie-t-il de lui ressembler, qu'ajoute-t-il, qu'oublie-t-il ?
Je n'ai vu aucune des deux versions mais j'aime bien me poser ce type de questions.

Ce qui est sûr, c'est que, comme tout remake, en particulier les américains, celui-ci nous fait oublié le film original, que l'on a encore moins de chance de voir ou revoir...

Lucie Poisson a dit…

@ux Anonymes : Un regret dans mon post, effectivement : ne pas avoir pris le temps de regarder l'oeuvre originale pour noter les différences avec le remake. Je suis consciente que cela aurait été plus riche et que cela aurait aussi ouvert sur une envie de visionner le film original que j'espère plus riche que "The Tourist". Cela aurait également apporter des éléments quant aux mélanges des genres. Car c'est bien cet aspect qui m'a frappée pendant la séance. Avec le recul, je pense que ce mélange des genres est fondé sur la caricature des différents genres mis à profit (dans tous les sens de ce mot). Et effectivement, en choisissant différents styles tous les quarts d'heure, comment peut-on faire autrement ? Car le film, s'il use de plusieurs genres, ne prend guère le temps de renouveler ceux-ci ; ce sont des instruments visant à contenter le public qui, rappelons-le, aux États-Unis, est d'abord constitué d'adolescents...

Tonitola a dit…

C'est surtout des instruments visant à faire du pognon!

Dam a dit…

@ Tonitola : encore plus pour les remakes : le scénario est quasiment déjà écrit !!

J'ai un ami qui l'a vu et qui se plaint de ce manque de scénario. A part la vision de plusieurs villes, il n'a pas trouvé d'intérêt dans ce film. Pourtant, on peut se dire en prenant du recul, que le titre avait été bien choisi...

Tonitola a dit…

@Dam: Après, si on veut ouvrir un peu plus le débat, les remakes ne sont pas que des "Pompes à Pognon".
Certains films ont connu de remarquable remake:
-King Kong
-Beowulf
-La Guerre des Mondes
-XIII (Je parle de celui réalisé par Rob Zombie)
...

J'aime beaucoup le cinéma américain. Je trouve qu'ils Osent faire les choses...