dimanche 21 novembre 2010

Des panneaux routiers bien bavards...


De passage dans le Finistère aux alentours de Quimper, j'ai rencontré sur ma route des panneaux de signalisation bilingues français-breton. Si, au volant, lire le nom d'une commune suivi de son équivalent breton ne me dérange pas, il en va différemment à l'approche d'une intersection, notamment d'un rond-point. En effet, les indications se voient dupliquées dans des situations où des décisions rapides et sans équivoque doivent être prises, ce que ces informations ne facilitent pas. Ce double affichage se fait au risque d'hésitations dans nos conduites sur la route, de ralentissements de dernière minute et bien sûr d'accrochages. Cela devient plus fastidieux que de se déplacer à l'étranger !
Ancienne étudiante en Lettres ayant travaillé dans les métiers du livre, je suis convaincue de l'importance de la langue, qu'elle soit écrite, parlée ou écoutée dans la construction ou l'épanouissement d'une identité, personnelle ou sociale. Mais honnêtement, traduire les indications routières, cela apporte-t-il quelque chose à la langue et donc à la culture bretonne ? N'est-ce pas au contraire la cantonner ici à une langue décorative (quasi exotique), utilitaire, figée ?
Je me souviens d'un voyage dans le sud de la France où j'aimais à écouter une radio qui émettait en provençal : retrouver les racines des mots, écouter cette mélodie différente, débusquer des tournures étonnantes et riches dans l'expression, essayer de comprendre les propos échangés (bien sûr !), quelle expérience malicieuse et vivante de la langue ! Si vivante que durant ces vacances, j'avais par la suite essayé d'intégrer un peu de provençal dans mes conversations avec ma famille...
En attendant, ces inscriptions ne facilitent pas les déplacements des jeunes conducteurs encore peu sûrs de leur conduite, des personnes âgées ou encore ceux des touristes désireux de découvrir cette région de France, fatiguées par leur voyage.
Dans la ville de Vannes, une association s'est manifestée pour que les noms des communes soient traduits en breton. Ses membres ont posé des autocollants sur lesdits panneaux (perturbant encore leur lisibilité, décidément) afin de se rappeler au bon souvenir de la majorité en place qui avait promis, au moment des élections municipales, de doter toutes les indications routières de leur pendant breton. Une fois élu, Monsieur le Maire aurait-il retrouver sa clairvoyance ?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est sympa d'avoir les signalisations en patois et langue moderne.
Après pour la question de la lisibilité, pourquoi ne pas contourner le problème en écrivant les noms bretons (ou provençaux ou autres...) sur un autre panneau évoquant, par sa forme et sa matière, le passé.
Et pour éviter ce côté "langue exotique", c'est aux mairies de financer dans la sauvegarde de leurs patrimoines (pas seulement les associations, mais aussi les programmes de recherches archéologiques, littéraires, culturels...)
non?

Lucie Poisson a dit…

@ Anonyme : Effectivement, choisir des panneaux de signalisation dissociés des panneaux "traditionnels" et ayant un style différent peut être une bonne idée pour diminuer ce problème de lisibilité tout en maintenant visibles les racines linguistiques en question. Il me semble par exemple que c'est à Perpignan que les noms de rue sont indiqués en français du côté droit de la rue et en catalan du côté gauche de celle-ci (quelqu'un pour confirmer ?).
Cependant, je suis d'accord avec toi pour dire que le véritable travail est à faire dans tous les secteurs de la culture, à commencer par ceux où une interaction pédagogique et créative avec le public est possible.

Anonyme a dit…

Alors nous sommes d'accord :)

Anonyme a dit…

En effet à Perpignan où j'ai eu l'occasion d'aller en vacances, les noms de rue sont inscrits soit en français, soit en catalan (sauf qu'il n'y a pas d'histoire de droite ou de gauche). Ce qui semble amusant, en tant que piéton ne cherchant pas de rue en particulier, doit être un cauchemar pour un automobiliste "étranger" cherchant une rue précise !!
L'ensemble de ces panneaux, signalisation ou rue, ont à l'origine un rôle d'information et d'indication. Ce rôle semble oublié.

Ces cultures régionales ne doivent pas être oubliées, mais en effet il faut trouver d'autres supports, oui d'autres panneaux ou autres... A chaque région d'inventer sa communication ce qui permettrait de marquer les visiteurs sans les perturber.

Lucie Poisson a dit…

@ Anonyme : On pourrait arguer qu'un panneau indiquant une direction et mettant en même temps en valeur une identité remplit doublement son rôle informatif. Mais effectivement, dans la "vraie vie" comme dans les médias, trop d'information tue l'information...

Tonitola a dit…

alors que fais t-on? Tout en patois??